samedi 9 février 2013

L'origine du monde (Rediffusion)

Le visage de LOM ne va pas changer notre vision du tableau de Gustave Courbet. Joanna Hifferrnan la belle irlandaise le modèle préféré de Gustave a la physionomie « élastique »

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Gustave Courbet Le sommeil

Critique de l'origine du monde par Bertrand Naivin sur art11

Un sexe opaque. Voici comment nous pourrions qualifier cet étrange tableau peint par Gustave Courbet en 1866. Après des siècles pendant lesquels cet objet de désirs fut lissé, qu'à cet orifice la peinture préféra l'innocence de la planéité, gommant ainsi le péché originel, ce petit tableau du peintre de Barbizon écorche notre regard par cette masse sombre qu'il peut être encore dur aujourd'hui de contempler sans rougir.
Fidèle à son désir de réalité, l'artiste nous met ici face à notre matérialité la plus crue, rappelant avec ces poils indomptables qu'avant d'être homme, nous sommes bêtes. Le sexe n'est alors plus re-présenté, mais bien présenté dans toute sa force primitive. Cette matrice si justement nommée l'origine du monde nous confronte ainsi aux sources de notre humanité: un corps fait de poils, de chair, de souffrance et de plaisir. Un corps sauvage. Un corps qui ,après s'être si longtemps tu, vit, jouit, excite. La nudité selon Courbet n'a dès lors plus la légèreté diaphane de l'allégorie ou du mythe, mais au contraire la lourdeur de la terre, de la chair, du corps du monde. Aussi cette oeuvre marque-t-elle un tournant dans l'histoire du nu artistique.

LOM de Courbet

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Des premières représentations primitives aux seins et phallus hyperboliques, en devenant œuvre d'art, celui-ci fut toujours recouvert du voile du symbole. Image de la fertilité, allégorie de toutes les vertus, représentation du Beau idéal antique, la nudité n'a jamais cessé d'être vêtue de concepts. Aussi, lorsque le peintre français vend ce tableau à Khalil-Bey, un diplomate turc, nous comprenons qu'il ne pourra être vu que sous un drap. Comment en effet ne pas être choqué par la vue de ce sexe si présent, et surtout si animal. Car c'est également ce qui est ici en jeu. Courbet tourne donc le dos avec ce corps sans visage, avec ce sexe vrai, à toute une pensée occidentale qui depuis l'Antiquité grecque jusqu'aux Lumières voyait en l'humanité l'histoire d'une séparation totale avec nos origines animales. L'homme serait un être insulaire, unique, voué à la perfection. L'artiste réaliste, quant à lui, nous enjoint à assumer notre primalité en acceptant ces poils qu'Ingres se serait empressé de bannir. Le corps s'offre alors dans toute sa brutalité au regardeur impressionné par tant de matérialité. Tout comme avec la photographie, la réalité commence à frapper à la porte de l'art. Coïncidence?...

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