mercredi 6 février 2013

Praxis cunnilinguistique

En 1967, Carolee Schneemann réalise Fuses. Film de 18 minutes, en 16 mm.
Il s'agit d'un montage de scènes tournées chez eux par Schneemann et son compagnon James Tenney sur une période de deux ans, où on les voit faire l'amour. Seul le chat Kitch assiste aux ébats.
C'est un collage : les scènes érotiques, que l'on ne fait parfois que deviner, se succèdent, fondues dans des couleurs orangé, vert ou bleu ; elles sont tantôt éclairées, tantôt à contre-jour, et on perçoit les changements de saison. Carolee Schneemann est intervenue sur le film qui est coloré, raturé, parsemé de tâches,couvert parfois de formes végétales. On voit tantôt le couple à une distance relative, tantôt la caméra se rapproche et filme en gros plan les parties génitales, la vulve de Carolee Schneemann, le pénis en érection ou au repos de James Teney. Les deux corps sont parfois montrés seuls et selon un mode équivalent, nus et allongés, dans un mouvement de caméra qui s'attarde sur les différentes parties du corps.
Des actes érotiques tabous ou interdits légalement dans les années soixante au Etats-Unis sont explicitement montrés : fellation et cunnilingus.


Film érotique et sensuel entre un homme et une femme Carolee Schneemann ne touche pas au male gaze (regard masculin)et là est probablement le noeud du problème : elle tente de construire, en parallèle de ce regard masculin, un regard féminin. Elle est accusée de naïveté théorique. Voir critique



Fuses et Meat Joy par exemple), objets d'un désir masculin, et enfin sur l'usage du nu féminin et la focalisation sur le vagin en général. Carolee Schneemann résume cette histoire avec humour dans la performance Vulva's School

Vulva goes to school and discovers she doesn't exist.
Vulva deciphers Lacanand Baudrillard and discovers she is only a sign, a signification of the void, of absence, of what is not male
Vulva decodes feminist constructivist semioticsand realizes she has no authentic feelings at all; even her erotic sensations are constructed by patriarchal projections, impositions and conditioning
Vulva interprets essentialist feminist texts and paints her face with her menstrual blood,howling when the moon is full
Vulva learns to analyze politics by asking "Is this good for Vulva ?"

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