dimanche 24 mars 2013

Mona lisa ou l'éloge de la chatte

Baffo (1694 - 1768) ne veut pas de métaphores, il donne à la sexualité les noms qu'elle a dans la bouche commune, et l'obscénité de la langue parlée accède alors à sa pleine dignité. Toutes les hyperboles, périphrases, équivoques, toutes les figures du langage érotique de son temps, langage malade, en décomposition, Baffo, comme Sade, les élimine et, plus libre que Sade, il invente une santé. La "littérature", il en va d'elle comme des "parures des dames": il faut la lire, la traverser, la dénoncer, langage qui ne dit rien d'autre en fait que le désir. Maurice Régnault

Giorgio baffo ou le Poeta pornografo

J'ai découvert Giorgio Baffo à partir d'un lien avec Moniche. Tous les poèmes de Giorgo Baffo écrit en vénitien parle de la Mona, le sexe féminin. Je ne sais pas si le bondage était une pratique de l'époque mais il vous faut bien une petite pause visuelle.

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Heureusement toutes les traducteurs (trices) ne traduisent pas mona par moniche. Ainsi du poème le plus connu : LODE ALLA MONA.

Cara Mona, che in mezzo a do colone
    Ti xe là messa, come un capitelo,
    Per cupola ti gà do culatone,
    E ’l bus del Cul de sora xe ’l to Cielo.

Chère Moniche qui, entre deux colonnes,
Est mise là, ainsi qu'un chapiteau,
Pour coupole tu as deux grosses fesses
Et le trou du cul, au-dessus, est ton ciel.
Ou la traduction chez venise libertinage
Chère chatte, qui est à comme un chapiteau
Au sommet de deux colonnes,
Avec pour coupole, deux grosses fesses
Avec le trou du cul et sa sœur le trou du ciel.

(...)
Notte, e zorno ti fà miracoloni,
    Che l’acqua, che trà sù la to fontana,
    Dà vita ai morti, e spirito ai Cogioni

Nuit et jour tu opères de grands miracles,
Car l'eau que fait jaillir ta fontaine
Donne la vie aux morts et l'esprit aux couillons.
Ou
Donne vie à la bite et donne l'esprit aux couilles

Pour ma part je ne peux me permettre d'oser une traduction mais je vous propose celui-ci dont les sonorités me parlent.

Amici, son in mona; oh che gran gusto! 
Amici, son in mona; oh che gran gusto!
E son in mona della mia diletta;
Ora ghe tocco 'l cul, ora una tetta,
E in questo posso dir, che go 'l mio giusto.

La s'ha mollà le cottole, e anca 'l busto,
Acciò che con più comodo ghe 'l metta,
In bocca la m'ha dà la so lenguetta,
E la me trà ogni tanto qualche susto.

Mi me la godo fuora de misura,
E aver vorrìa l'osello longo un brazzo
Per furegarghe ben in la natura.

Ah! che per far più grande el mio solazzo,
E per darghe più gusto a sta creatura,
Esser vorrìa in sto punto tutto cazzo.

Vous pouvez retrouver des poèmes sur les lesbiennes chez venise libertinage, et une grande sélection de poèmes sur wikisource ou chez scribd.

Vous pouvez également trouvez les poèmes de Baffo illustrés par Hugo Pratt. ou par Michèle Teysseyre.

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Et pour finir je ne connaissais pas le mot d'Apollinaire sur Venise : Le Baffo était content de son époque, il était heureux de vivre, et de vivre à Venise, ville amphibie, cité humide, sexe femelle de l’Europe. Apollinaire

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