dimanche 14 avril 2013

Ile elles

De Saint-John Perse je ne connais pas grand chose. Sa poésie m'intimide. Je connais toutefois sa terre de naissance, les filles issues du même sang, de la même histoire, des mêmes lieux, peut être de la même éducation.
Je découvre la puissance érotique de ses mots,et chez Tardieu notamment des extraits de Étroits sont les vaisseaux Amers
 
Ô femme prise dans son cours, et qui s’écoule entre mes bras comme la nuit des sources, qui donc en moi descend le fleuve de ta faiblesse ? M’es-tu le fleuve, m’es-tu la mer ? Ou bien le fleuve dans la mer ? M’es-tu la mer elle-même voyageuse, où nul, le même, se mêlant, ne s’est jamais deux fois mêlé?
Ô femme prise à son arôme et femme prise à son essence, lèvres qui t'ont flairée ne fleurent point la mort Et comme le sel est dans le blé, la mer en toi dans son principe, la chose en toi qui fut de mer, t’a fait ce goût de femme heureuse et qu’on approche…O mon amour au goût de mer…étroits sont les vaisseaux, étroite l’alliance, et plus étroite ta mesure, ô corps fidèle de l’Amante…Tu sens l’eau verte et le récif, tu sens la vierge et le varech, et tes flancs sont lavés aux bienfaits de nos jours. Tu sens la pierre pailletée d’astres et tu sens le cuivre qui s’échauffe dans la lubricité des eaux….Etroite la mesure, étroite la césure qui rompt en son milieu le corps de la femme comme le mètre antique…La mer lubrique nous exhorte et l’odeur de ses vasques erre dans notre lit…Rouge d’oursin les chambres du plaisir. Hommage à la complicité des eaux ! Il n’est point d’offense pour ton âme…plaise au plaisir sacré de joindre sa victime, et que l’Amante renversée dans ses enveloppes florales livre à la nuit de mer sa chair froissée de grande labiée !

Et ce vers également :

Là s’échauffait, avant la nuit, l’odeur de vulve des eaux basses

La Guadeloupe est une île femme notamment la Basse Terre Luxuriante, avec ses rivières multiples, bassins d'eaux transparentes, parfois chaudes. Une question : cette présence de la femme, et la façon dont Saint John Perse en parle d'où vient-elle de la Guadeloupe? des femmes de sa vie?

Sa relation avec son île natale je l'ai comprise grâce à Giovanna Devincenzo de l'errance à l'alliance et à Patrick Chamoiseau

Des femmes de sa vie : il y a sa mère, ses trois soeurs (Le père d'Alexis Léger meurt en 1907, 8 ans après avoir quitté la Guadeloupe, Alexis à 20 ans), il ne se marie qu'en 1958 mais je ne connais rien de sa vie sentimentale.
L'éloge de la femme de la féminité me semble être un éloge à la présence de la femme partout en nous, dans nos souvenirs, notre enfance, nos désirs d'homme. Une féminité vécue dans la plantation car l'enfant appartient au monde des femmes et il la respire comme il respire son île. Dans l'exil, il quitte son île et le monde des femmes et naturellement ces deux composantes reviennent dans les mots réminiscent du poète.

Sur un ton plus anecdotique, j'ai conté mes aventures d'outre-mer dans le billet les héritières de Guadeloupe.

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