mercredi 10 avril 2013

Ma salive et ma bouche

La main touche une jupe,
muguets fanés, je me souviens,
tiède comme un début de peau,
un feu de sang brûle les os.

Les joncs craquent sous le corps souple,
et le miel bout dans l'oeillet pourpre,
sur le brasier de myosotis
là-haut où les oiseaux s'étirent.


tumblr_m9vy1alow71qa95wro1_500


Carrière de braise rouge,
près d'une eau non doublée de tain
où toute pudeur expire
au vent venu de Si loin,

Sous août bruissant, la fièvre est fraîche,
et la brûlure encore glacée
des lèvres fanées de soif,
et du corps torride de sang.

Voici la baie de tes jambes,
avant cette île foudroyée
où peut-être un peu de neige
attend ma tête sans pensée.


La main touche une juppe est un poème d'Alain Borne, où poésie rime avec engagement. Ces mots, cet amour, un homme les relie Pierre Seghers.

lheure_399_tMan Ray A l'heure de L'observatoire les amoureux

Mes lèvres ne peuvent plus s'ouvrir
que pour dire ton nom
baiser ta bouche
te devenir en te cherchant.

Tu es au bout de chacun de mes mots
tu les emplis, les brûles, les vides.

Te voici en eux
tu es ma salive et ma bouche
et mon silence même est crispé de toi.

Je me couche dans la poussière, les yeux fermés

La nuit sera totale, tant que l'aube
et le grand jour de ta chair
ne passeront pas au-dessus de moi
comme un vol de soleils.

photo copy 4

Tu es ma salive et ma bouche. Ces mots font échos avec les mots de René Char (voir René Char chez la petite mélancolie).


Ma salive sur ton sexe, crie l'homme à la femme, c'est encore ton sang qui échappe au contrôle de mes mains.
man-ray_the-lovers_b03_0151_israelRésonne avec les mots de Joyce Mansour
Invitez-moi à passer la nuit dans votre bouche
Racontez-moi la jeunesse des rivières
Pressez ma langue contre votre œil de verre
Donnez-moi votre jambe comme nourrice
Et puis dormons frère de mon frère
Car nos baisers meurent plus vite que la nuit.

Déchirures 1965 Éditions de Minuit

man-ray-5

Laisse-moi t’aimer.
J’aime le goût de ton sang épais
Je le garde longtemps dans ma bouche sans dents.
Son ardeur me brûle la gorge.
J’aime ta sueur.
J’aime caresser tes aisselles
Ruisselantes de joie.
Laisse-moi t’aimer
Laisse-moi sécher tes yeux fermés
Laisse-moi les percer avec ma langue pointue
Et remplir leur creux de ma salive triomphante.
Laisse-moi t’aveugler.
(Cris, 1953)


man ray

Je retrouve le vers de René Char chez François d'Alayrac
 
Non.
Certes, tu as raison.
Je ne puis admettre une Nature sans femme.

Ma salive sur ton sexe  crie l'homme  pour la femme à invertir le Ciel.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire