samedi 20 juillet 2013

L'érotisme de Paul Fort

Sans Brassens et la « Complainte du petit cheval blanc », Paul Fort serait aujourd’hui entièrement tombé dans l’oubli. Le prince des poète de 1912 à 1960 est pourtant un sacré numéro. Marié à Marie-Suzanne Theibert avec Verlaine et Mallarmé pour témoin il eut pour maitresse Marguerite Gillot ci dessous immortalisée par Marie Laurencin

marguerite gillot

ll a le coup de foudre pour la très jeune Germaine Pouget connu comme Germaine Tourangelle qu'il va enlever et entrainer dans une tournée de conférences à travers l’Europe entre février et mai 1914 et qu'il épousera à la mort de Suzon à 85 ans.

Sa vie amoureuse si riche en fait un héros ayant sa place ici et pourtant pas de trace de textes érotiques dans son oeuvre littéraire au contraire de ses amis qu'il publie dans sa revue Vers et Prose Rimbaud, Verlaine, Apollinaire, Henri-Pierre Roché, Pierre Louÿs.

Peut-on trouver dans l'amour marin ou comme hier une trace d'érotisme
Hé ! donn' moi ta bouche, hé ! ma jolie fraise !
L'aube a mis des frais's plein notre horizon
Garde tes dindons, moi mes porcs, Thérèse
Ne r'pousse pas du pied mes p'tits cochons

Va, comme hier ! comme hier ! comme hier !
Si tu ne m'aimes point, c'est moi qui t'aim'rons
L'un tient le couteau, l'autre la cuiller
La vie, c'est toujours les mêmes chansons

Pour sauter l'gros sourceau de pierre en pierre
Comme tous les jours mes bras t'enlèv'ront
Nos dindes, nos truies nous suivront légères
Ne r'pousse pas du pied mes p'tits cochons


m_ausg

Marcel Vertès Pays à mon gout


Va, comme hier ! comme hier ! comme hier !
Si tu ne m'aimes point, c'est moi qui t'aim'rons
La vie, c'est toujours amour et misère
La vie, c'est toujours les mêmes chansons

J'ai tant de respect pour ton coeur, Thérèse
Et pour tes dindons, quand nous nous aimons
Quand nous nous fâchons, hé ! ma jolie fraise
Ne r'pousse pas du pied mes p'tits cochons

Va, comme hier ! comme hier ! comme hier !
Si tu ne m'aimes point, c'est moi qui t'aim'rons
L'un tient le couteau, l'autre la cuiller
La vie, c'est toujours les mêmes chansons


La revue Vers et prose  a 2 pôles : un « grand ton », celui d’une poésie sérieuse et grave, parfois hautaine, solidaire d’une tradition savante (et ici bien sûr on ne peut pas ne pas songer à l’exemple de Mallarmé, mais aussi, plus généralement, au Parnasse et à toute une tradition du sublime romantique), tout ce que Saint-Pol Roux appelle « la façon de l’aigle » qui se donne « mission de ramener une proie de soleil ». Et puis, d’autre part, d’entrée de jeu et jusqu’à la fin, ce que le même auteur emblématise sous la figure de la « sauterelle » : un ton beaucoup plus familier, qui ne dédaignent pas d’afficher une certaine forme de naïveté, une proximité avec les genres « populaires », comme la chanson, par exemple. Ce dont témoignent au premier chef les ballades de Fort.

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