lundi 30 décembre 2013

Germaine moissonneuse de Courbet

A quel plaisir de découvrir un nouvel auteur, par la grâce du cabinotier. Il s'agit d'André Hardellet et de son oeuvre Lourdes, lentes publié en 1969. De l'évocation de l'enfance et de Germaine.

Nous avons tous du génie dans la position horizontale et les yeux clos. Quelles foulées d'une inimitable aisance sur la cendrée du sommeil ! À moi le survol des fougères d'enfance et des chemins de la terre buissonnière, dont le ternie ne peut être que le cul merveilleusement énorme, consentant, d'une moissonneuse qui a sombré en bordure du bois. Ses cuisses bien écartées, la figue au soleil, mûre, juteuse, en sueur, fondue et confondue dans le rut de Messidor. Une moissonneuse de Courbet, courbe, renflée, seule, bonne comme le bon pain, tiède, profonde et quine dirait jamais NON. C'est elle que nous poursuivions au bout des jeudis, par-delà le mystère de la forêt, tombé palpable et noir, vers midi, quand les champs aperçus entre des branches ne montrent plus que des charrues dételées, des tracteurs à l'arrêt, des bandes de pies. Nous savions bien ce que nous faisions, hypocrites batteurs de buissons, chercheurs de sources : quelle autre fontaine, jamais, qu'au plus secret du blond, du delta paradisiaque ! Nous revenions le soir  barbouillés de mûres, hirsutes, les jambes griffées par les ronces, bredouilles.


 Illustration Georges Pichard
Notre première fois on l'imagine dans les bras d'une femme de Pichard

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