vendredi 3 janvier 2014

Cochon de français

Nouvel extrait de Lourdes, Lentes d'André Hardellet. On quitte Germaine pour Vanessa l'hotesse de l'air.
Elle est étendue sur son divan, nue. La cicatrice d'une césarienne. Vanessa aux yeux graves, Vanessa de Hollande, avec, un capital de souvenirs, je suppose, pas tellement plus gais que les miens. Vanessa qui a envie, Vanessa des Mers Mortes, Vanessa pour vaincre la fatigue.
— Je vais te brouter, ma grande.
— Brouter ?
— Oui. Manger ton trésor. Le casse-croûte du Diable.
— What ?
— The Devil's lunch.
— Oh ! Elle a compris.

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— Mais je suis sale. Quite dirty. Je n'ai pas eu le temps… It's so intime,you know, what I mean.
— Justement, c'est meilleur comme ça. Je sais ce que tu mean,  je sais ce que tu aimes.
— Mais… depuis ce matin.
— Non.
— Vous êtes un porc, un cochon de Français. 
— D'accord, d'accord. Je vais te manger toute crue. Ton miel. Toi. Tu sens bon. Installe-toi confortablement. 
— Écoutez, Stève. 
— Grande fauve ! 
— You are… 
Nous sommes.

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Elle s'ébouriffe. De ses mains, elle appuie ma tête contre son sexe. Elle se parle en anglais, m'insulte, ou s'injurie. Un fond de barque au soleil sicilien, avec un peu d'eau salée, une fouine à bout de forces, l'alcali des fauves, au cirque, pendant l'entracte. Elle. C'est trop bon, on s'en ferait crever. J'étouffe. Elle a crié comme une chatte dont on écrase la queue – et cet étrange mécanisme crispé, vibrant, ruades et saccades, s'est détendu. Ses mains m'écartent, elle me rejette de son ciel, coule à pic, me nie.

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Tiré de GarnonCent trente deux positions amoureuses, préface de Gérard Zwang. Paris, Borderie, Collection Images obliques, 1981, 158 p

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