vendredi 27 juin 2014

A la place de ta bouche

Couchée à travers le divan, les pieds par terre
Et sa touffe de poils bouffant en flots légers
Elle caresse avec des gestes allongés
Son corps chaud que nul vin viril ne désaltère.


Elle s'aime, occupée à d'éternels loisirs
A l'ombre des tentures et des palmes vertes.
Ses doigts efféminés par les mauvais désirs
Rôdent luxurieux autour des chairs ouvertes



Ils savent, en errant sur le ventre, creuser
Dans la peau la marque amoureuse d'un baiser
Qu'aurait donné la bouche idéale d'un homme.


Ils savent effleurer les hanches doucement
Et mouler à la peau des seins leurs palmes, comme
Un corps souple de femme sur un corps d'amant.

Pierre Louÿs
La femme qui se caresse

Photographie de Aeric Meredith-Goujon

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