vendredi 29 janvier 2016

Sucer le berlingot (Berliner Milliöh)

Une des grandes figures artistiques populaires de Berlin est Heinrich ZilleLes dessins de Zille sont très osés, ou plutôt très francs: manque d’hygiène, promiscuité, sexe en présence d’enfants, mort, tout est montré chez lui. Ses dessins sont vite accusés d’être pornographiques, voire malsains, dans la société bourgeoise de l’époque. Et on comprend pourquoi: il montre ce qu’on ne veut pas voir.  (De Paris à Berlin)

Recherchez également ses photographies.




lundi 25 janvier 2016

La langue de Voltaire


Voltaire : « nous ne pouvons penser comme l’auteur de cette Mécanique quand il dit :
« En Occident, l’idée malhonnête est attachée à l’union des sexes ; en Orient, elle est attachée à l’usage du vin ; ailleurs, elle pourrait l’être à l’usage du fer ou du feu. Chez les musulmans, à qui le vin est défendu par la loi, le mot cherab, qui signifie en général sirop, sorbet, liqueur, mais plus particulièrement le vin, et les autres mots relatifs à celui-, sont regardés par les gens fort religieux comme des termes obscènes, ou du moins trop libres pour être dans la bouche d’une personne de bonnes mœurs. Le préjugé sur l’obscénité du discours a pris tant d’empire qu’il ne cesse pas, même dans le cas l’action à laquelle on a attaché l’idée est honnête et légitime, permise et prescrite ; de sorte qu’il est toujours malhonnête de dire ce qu’il est très-souvent honnête de faire.
À dire vrai, la décence s’est ici contentée d’un fort petit sacrifice. Il doit toujours paraître singulier que l’obscénité soit dans les mots, et ne soit pas dans les idées, etc. »

Voltaire répond : Jamais dans aucune langue l’obscénité n’a été attachée qu’à certains plaisirs qu’on ne s’est presque jamais permis devant témoins, parce qu’on ne les goûte que par des organes qu’il faut cacher. On ne cache point sa bouche. C’est un péché chez les musulmans de jouer aux dés, de ne point coucher avec sa femme le vendredi, de boire du vin, de manger pendant le ramadan avant le coucher du soleil ; mais ce n’est point une chose obscène.

Si dans les premiers temps d’une nation simple, dure et grossière, on se sert des seuls termes qu’on connaisse pour exprimer l’acte de la génération, comme l’auteur l’a très-bien observé chez les demi-sauvages juifs, d’autres peuples emploient les mots obscènes quand ils sont devenus plus raffinés et plus polis. Osée ne se sert que du terme qui répond au fodere des Latins ; mais Auguste hasarde effrontément les mots futuere, mentula, dans son infâme épigramme contre Fulvie. Horace prodigue le futuo, le mentula, le cunnus. On inventa même les expressions honteuses de crissare, fellare, irrumare, cevere, cunnilinguis. On les trouve trop souvent dans Catulle et dans Martial. Elles représentent des turpitudes à peine connues parmi nous : aussi n’avons-nous point de termes pour les rendre.
Le mot de gabaoutar, inventé à Venise au XVI siècle, exprimait une infamie inconnue aux autres nations.
Il n’y a point de langue qui puisse traduire certaines épigrammes de Martial, si chères aux empereurs Adrien et Lucius Verus.

Voltaire article Langues  du Dictionnaire philosophique 1764

Post Scriptum : l'auteur de la mécanique de la Langue est Charles de Brosses avec qui Voltaire avait une querelle financière. Il n'existe rien de plus tenace que la rancune de Voltaire.

dimanche 24 janvier 2016

Koonilingus

Jeff Koons et Ilona dite Cicciolina dans Made in Heaven 1991.

Jeff eating Ilona


Alison Gingeras suggests, “In the process of making Made in Heaven from 1989 to 1992, Jeff Koons became Jeff Koons. Jeff Koons as we know him today was born through porn.





jeudi 14 janvier 2016

Dactylo cunnilingus

Un jour, dans une officine de dactylographie, à Rome, un vieux dandy des faubourgs dicte à la dactylographe son roman. La jeune femme s’arrête sur un mot qu’elle ne comprend pas : « cunnilingus ». Quand le client lui en traduit le sens, elle s’arrête et refuse de continuer. 

La patronne intervient, lit la page incriminée et s’exclame : 

- Je voudrais bien savoir qui peut vous publier cette affaire ! 

L’écrivain se redresse indigné : 

- Madame, vous ne savez pas à qui vous parlez ! J’ai gagné le prix Mazara del Vallo pour mon roman Les puces ont une queue… 

- C’est bon, c’est bon, le calme la patronne. 

Elle appelle une des filles : Signorina Pandolfini ! Arrive une femme sur les septante ans qui jette un coup d’œil à la page et s’assied. Elle se met à lire plus attentivement l’œuvre en question et demande à l’écrivain :

- Mais c’est de la vie vécue ou c’est de la fiction ? 

- Un peu les deux, lui répond l’écrivain, modeste, et il commence à dicter. 

La dactylographe se met à l’œuvre et, tout en tapant à la machine, soupire : 

- Mais pourquoi ces choses-là ne me sont jamais arrivées, à moi.


Dino Risi I miei mostri 

retranscription Brussel-express


Illustration : Manara

vendredi 8 janvier 2016

Les Servantes d’auberge


Dans Le Temple de l’aube, Honda est le témoin des amours de Ying Chan et de son amante Keiko :

Dans la pénombre, des membres inextricablement emmêlés se tordaient sur le lit qui lui faisait face. Un corps blanc rondelet et un autre brun foncé étaient étendus, les têtes dans des directions opposées, épuisant leurs désirs lascifs. (…) Deux chevelures noires ondulées pressaient intimement deux monticules noirs pubescents d’ombres également remplis. Les mèches gênantes échevelées épandues sur les joues se changeaient en marques d’amour. Des cuisses brûlantes et lisses reposaient en contact intime avec les joues lisses et brûlantes et les tendres abdomens se soulevaient telles des baies menues sous la lune. (…) Des seins qu’avait abandonnés la partenaire tournaient à la lumière leurs tétons innocents, tremblant parfois comme par l’effet d’un courant électrique.

Yasunari Kawabata Les Servantes d’auberge 1930

Je ne sais pas qui est le traducteur



 Illustration : Mario Tauzin